Nature et Paysages

Le contexte préalpin naturel constitue une valeur forte à Saint Geoire en Valdaine et confère à son territoire des caractéristiques attractives. L’Ainan, petite rivière, affluent du Guiers, serpente au fond de la vallée qui porte son nom.
Des zones de marais, vestiges d’anciens lacs glaciaires, bordent son lit et constituent des tourbières alcalines de grande valeur écologique. Descendant des pentes qu’elles entaillent, quelques cascades offrent des possibilités de promenades dépaysantes. La vallée est dominée par des zones en plateau qui enrichissent la diversité du paysage. L’ensemble de ces habitats naturels permet la présence d’une faune et d’une flore particulièrement variées.
L’agriculture et l’élevage, garantes du maintien de cette diversité, sont en même temps une ressource économique.

L’Ainan

La vallée de l’Ainan fait partie du bassin versant du Guiers.
Pour en savoir plus explorez les site internet du Syndicat Interdépartemental d’Aménagement du Guiers et ses Affluents. Visitez le site du SIAGA
L’Ainan prend sa source aux monts de Bavonne en amont de Chirens. La rivière se nettoie dans le marais (107 hectares) jusqu’à l’Arsenal, où elle reçoit Le Cras, qui prend sa source au Col du Banchet, rive gauche.

L’Ainan reçoit le Touvat, rive droite. La rivière serpente doucement vers Massieu au travers d’un deuxième marais, renforcée par les ruisseaux de la Freydière et des Combes, rive gauche. Avant de traverser la Côte d’Ainan, rive droite, la rivière accueille les ruisseaux de la Davière et le Crozarieu qui descend du village de St Sixte.
Après avoir traversé la Côte d’Ainan, elle longe l’ancien marais de Saint Geoire, drainé depuis 1985. La pente s’accélère à St Geoire en Valdaine, où la rivière se renforce, rive gauche, des ruisseaux du Versoud dévalant depuis Consuoz, qui conflue avec le ruisseau des Gorges (avant la cascade de la Combe du Versoud), du ruisseau du Verderet qui traverse le village et du ruisseau de la Cascade (au lieu-dit La Thuery), cours d’eau qui descend du Platon. Afflue ensuite le ruisseau de la Pajotière (à Champet, il est aussi appelé les Côtes Gigonne). Après le lieu-dit « la Pale », rive droite, la rivière de l’Ainan reçoit son principal affluent, l’Aigueblanche, qui descend du village de Merlas.

Les ruisseaux de la Picaudière, le Mollard et le Satre viennent encore se jeter rive droite, en aval de Saint Bueil. L’Ainan reçoit enfin, rive gauche le Brut avant de confluer avec le Guiers , à Saint Martin de Vaulserre (Isère) et Saint Béron (Savoie).


Le débit de l’Ainan de la rivière est très variable. Il est descendu à 500 litres par seconde au coeur des sécheresses de 2003 et 2009 (à Saint Bueil). Il a atteint le record de 95 m3/s  pendant la crue du 6 juin 2002. On admet un débit moyen de 1 m3/s

La pente importante de la rivière après St Geoire a permis de créer de nombreux ouvrages, pour certains depuis le Moyen-Age. On compte au moins 14 vestiges de barrages entre St Geoire et le Guiers.

Le site web des travaux archéologiques de Bernard Schrambach et son équipe  dans les vallées de l’Isère  http://bernard.schrambach.free.fr/ainan.htm indique tous les ouvrages hydrauliques étudiés depuis le Moyen-Age dans la vallée.

Le Marais

Les glaciers Alpins ont profondément creusé le relief de la région pendant plusieurs millions d’années. Ils ont fondu il y a environ quinze mille ans pour laisser place à des vallées glacières plus ou moins parallèles, ou des lacs. Le  lac de Paladru est un exemple proche. Peu profond, l’ancien lac (en réalité, trois lacs séparés par des seuils), entre Chirens et Saint Geoire a été progressivement comblé par des végétaux décomposés pour devenir le marais de Chirens. La tourbe qui atteint plus de dix mètres par endroits a un intérêt paléo-écologique. On y a retrouvé une strate correspondant à l’éruption de l’Eiffel en Allemagne, il y a douze mille ans.

La plupart des marais européens sont de pH neutre ou légèrement acide. Ils gonflent en se gorgeant d’eau et se creusent pendant les périodes de sécheresse. Nos marais alcalins (les galets creusés par les moraines des glaciers sont calcaires donc basiques) n’ont pas cette propriété. On dit qu’ils sont bas, par opposition aux marais bombés, acides ou neutres.

Le marais de St Geoire a été longtemps une zone brouillardeuse et insalubre et nos ancêtres ont toujours cherché à le drainer. Ce paradis pour les pêcheurs qui fournissait le chaume des toitures (avant l’utilisation des tuiles) et la « bauche » pour la litière des animaux domestiques, a pratiquement disparu en 1985 lors du remembrement. Le marais a été méticuleusement drainé par des tuyaux et des rigoles et la rivière a été enclavée en rive droite du site. Sur les terres ainsi dégagées, on cultive actuellement du maïs pour nourrir le bétail, maïs qu’il est inutile d’arroser en été.

Deux zones boisées en amont et en aval du marais de Saint Geoire ne sont pas cultivées ni drainées. Le milieu demeure ainsi humide. C’est le royaume des escargots de Bourgogne et de nombreuses autres espèces vivantes plus rapides, ou discrètes…Certains arbres y poussent de façon bizarre à cause des alternances de sécheresse et d’humidité.

Parmi les habitants (batraciens, libellules, poissons), le plus emblématique, car devenu très rare est le (crapaud) sonneur à ventre jeune.

Ce « sonneur » à ventre jaune n’est pas le vrai ! Merci Corinne Bourillon !

Les cascades

Les ruisseaux qui descendent vers l’Ainan forment souvent des cascades pittoresques. A l’intérieur du village, il est possible de remonter l’ancien lit du Verderet jusqu’à la cascade où fut installé le premier moulin banal de Saint Geoire. La cascade du ruisseau des Gorges et du Versoud est visible au fond de la Combe, désormais aménagée en accueil pour les promenades. Un chemin ombragé remonte le ruisseau de la Cascade depuis la caserne des pompiers (à la Thuery). La grotte aux fées n’est accessible qu’aux intrépides ramasseurs de champignons…. A la Pale, les randonneurs courageux peuvent admirer la cascade de l’Aigueblanche. Il est possible de remonter à pied ce ruisseau jusque Saint Sixte.

Faune et flore

C’est probablement dans les marais (tourbière alcaline relique de l’époque glaciaire), que se rencontre la plus grande diversité faunistique. Un inventaire du Conservatoire Régional des Espaces Naturels (CREN) fait état de la présence de 14 espèces de libellules, 10 d’amphibiens, 8 de reptiles, 122 d’oiseaux et 35 espèces de mammifères dont les diverses espèces de chauves-souris. Parmi celles-ci plusieurs sont considérées comme remarquables, et même protégées au niveau national ou européen, comme le Sonneur à ventre jaune et le triton crêté.

Sur le reste de la commune il n’a pas été procédé à des inventaires, mais il existe cependant une faune variée du fait des larges espaces non urbanisés et de la diversité des milieux (prairies sèches et humides, forêts et leurs lisières, haies…). Parmi la grande faune, le chevreuil est abondant, ainsi que le sanglier. Le renard (on sait maintenant qu’il autorégule sa population) est encore chassé en Isère, contrairement à la Savoie où il est protégé… On se souvient aussi du célèbre loup de Saint Geoire qui a défrayé la chronique au niveau national en 2006 avant d’être discrètement abattu.

C’est encore le marais qui remporte la palme de la diversité floristique, avec 190 espèces végétales inféodées aux zones humides. On y trouve notamment des orchidées, mais aussi des iris d’eau, des roseaux. Les prairies entretenues comme telles sont fauchées tardivement, en fin d’été. Ailleurs c’est un taillis d’aulnes, saules et frênes qui a tendance à refermer le milieu et à en diminuer la diversité. Cette zone humide, qui s’étend depuis la source de l’Ainan, à Chirens, est une véritable richesse qu’il convient de préserver pour les générations futures à l’heure où la biodiversité commence à être prise en compte dans les grands équilibres écologiques et humains.

Sur le reste de la commune le relief, comme la structure variée du sous-sol, permettent une grande diversité végétale : prairies sèches à orchidées, zones humides, pentes sèches boisées à chêne pubescent et charme, forêts plus humides de hêtres, chênes pédonculés et châtaigniers. La Valdaine a été plutôt préservée de boisements artificiels et les conifères sont, en la plupart des lieux, disséminés dans la forêt spontanée.

À proximité de l’habitat rural traditionnel se trouve presque systématiquement un ou plusieurs grands tilleuls, autrefois utilisés pour la récolte des fleurs. Leur stature fait partie du paysage rural local, de même que celle de châtaigniers imposants. Autrefois le pré-verger caractérisait fortement le paysage. Il a souvent été remplacé par des plantations de noyers, en verger ou en alignement.

Le paysage de la vallée tient son identité du relief et de la végétation qui le couvre. Sur les pentes fortes c’est la forêt qui domine, tandis que le fond de la vallée, les zones de faible pente et les plateaux sont consacrés à l’agriculture (prairies pâturées, grandes cultures, vergers). Les haies boisées bordent fréquemment les routes et chemins. Cet ensemble confère à la vallée une grande valeur esthétique, avec une succession de plans visuels se prolongeant jusqu’aux montagnes de Chartreuse.

Agriculture et élevage

L’activité agricole est forte sur la commune, avec une dizaine d’exploitations en activités, souvent issues de groupements d’agriculteurs (GAEC). L’élevage  bovin, à forte dominance laitière, s’adapte aux côteaux qui prédominent. L’élevage de moutons et de porcs existe aussi, dans une moindre mesure. Dans les secteurs peu pentus la polyculture prend place, notamment dans la vallée où les cultures de maïs bénéficient des terres profondes et humides. Cette complémentarité entre élevage et cultures garantit l’alternance de zones cultivées, de prairies et de pâtures, constituant une mosaïque végétale changeant au fil des saisons. L’agriculture est une activité essentielle pour la commune en même temps qu`elle garantit la qualité des paysages de la Valdaine.