Naissance de l'Hôpital
Adrien Chollat, habitant du village, nous propose des petites histoires sur Saint Geoire à partir de ses recherches dans les archives municipales.
Ses chroniques ont été publiées dans les lettres municipales entre 2012 et 2015.
Au début du vingtième siècle le canton de St Geoire en Valdaine n’avait pas de structure d’accueil pour personnes âgées ; les places les plus proches étaient à Voiron, Rives, Entre-deux-Guiers.
Autrefois les hospices recevaient essentiellement des personnes âgées sans ressource et sans famille, ceux que l’on appelait les indigents. Les familles, elles,
gardaient leurs ainés à la maison jusqu’à leur décès.
Mais au 19ème siècle avec l’industrialisation et l’exode rural le rôle de la famille, dans la prise en charge des personnes âgées, se modifie. La cellule familiale à trois
générations (grands-parents, parents, enfants) évolue vers un modèle à deux générations.
La cohabitation des générations au sein du foyer peu à peu s’étiole. Ceci explique sans doute que le besoin d’un établissement d’accueil pour personnes âgées dépendantes soit apparu sur le secteur de St Geoire en Valdaine.
Le 7 aout 1910 était inauguré l’hôpital-Hospice de St Geoire en Valdaine ; c’était l’aboutissement d’un long processus.
L’espoir de création d’un hôpital existait depuis de longues années, puisque plusieurs legs avaient été faits, pour la réalisation de cet objectif, dont le premier en 1872.
En effet par testament du 8 juin 1872, Melle Françoise Carre Pistolet lègue la somme de 5392 francs et 50 centimes pour « la fondation dès que possible d’un hospice ». La réalisation attendra 38 ans.
Puis, le 3 mai 1882 c’est M. Désiré Chaboud qui lègue 10 000 francs pour « aider à fonder un petit hôpital pour les pauvres de la paroisse de St Geoire »
Nouveau don en 1890 de Mme Lucie Marie Zénaïde Chaboud, officialisé par son testament du 19 avril pour « la création d’un hôpital dans la commune »
Par testament du 1er janvier 1899, M. Edouard Alexis Vial lègue 3000 francs « pour venir en aide à l’établissement d’un hôpital ».
Le 14 septembre de la même année, M. Joseph Gaillard commerçant à St Geoire, fait de la commune son légataire universel « A charge pour elle d’employer le produit de ce legs à une œuvre de bienfaisance d’un caractère absolument laïque ».
Au cours de la réunion du conseil municipal du 2 septembre 1905, le maire M. André Michal-Ladichère, expose que : « l’opinion publique commence à se préoccuper de la création d’un hôpital cantonal, il a dû conférer avec les hommes politiques de l’arrondissement sur le concours desquels on peut compter pour obtenir du Pari Mutuel une subvention destinée à la construction ».
L’opinion publique s’inquiète, on peut le comprendre. Cela fait 33 ans qu’un premier don est fait pour cette réalisation, et rien n’apparait. Toujours pas de décision, pas de plan, pas de budget, alors que le récapitulatif des dons faits pour l’hôpital, exposé lors de ce même conseil municipal, montre un total de 92 854 francs. Ce jour-là, enfin, le conseil municipal décide le principe de la construction d’un hôpital. Décision qui marque le début d’une longue période de démarche : recherche d’un terrain, obtention des autorisations, étude de plans, établissement d’un plan de financement…
La décision définitive d’édification est prise le 12 octobre 1905 et confirmée le 13 décembre.
Démarches et financements
Les premiers plans et devis sont étudiés au cours du Conseil Municipal du 17 mai 1906. Dans la même période la recherche d’un terrain aboutit au choix de Plampalais. « L’hôpital sera établi sur un plateau très aéré mais garanti en partie contre les vents du nord, à 75 m au-dessus de l’agglomération de St Geoire en bordure de la route de St Geoire aux Abrets« .
Le Dr Fouilloud-Buyat, Médecin à St Geoire, fait un rapport sur l’emplacement choisi au point de vue de l’hygiène et de la salubrité. La Commission sanitaire de
la Sous-Préfecture de la Tour du Pin réunie le 26 juin 1906, après étude de ce rapport, émet « l’avis le plus favorable à l’emplacement désigné pour l’hôpital de
St Geoire en Valdaine ».
Le 14 février 1907 le Ministre de l’Agriculture informe que la Commission de Répartition des Fonds Généraux du Pari Mutuel* en faveur des œuvres de bienfaisance a accordé à la commune de St Geoire en Valdaine une subvention de 45 000 francs.
Le 12 mars 1907, c’est le Ministère de l’Intérieur qui informe que la commission de répartition des fonds du Pari Mutuel spécialement réservés à l’application de la loi sur l’Assistance Médicale Gratuite accorde une subvention de 60 000 francs.
Au Conseil Municipal du 12 juillet 1906, l’Inspecteur Général des services administratifs fait état de demandes de modification aux plans : chambres de blessés distinctes pour les hommes et les femmes, réfectoires faisant salle de séjour distincts pour hommes et femmes, chambres de gâteux distinctes pour hommes et femmes. (que l’on se rassure le terme gâteux n’est plus utilisé depuis longtemps).
Par décret du 15 mai 1907, le Président de la République autorise la création d’un Hôpital-Hospice à St Geoire en Valdaine. Décret signé : Armand Fallières, Président de la République et Georges Clémenceau, Président du Conseil.
Suite à cette autorisation officielle le Conseil Municipal prend la décision de construire l’hôpital le 22 mai 1907.
Le 22 aout 1907, M. le Premier Ministre, Président du Conseil, prend un décret établissant la première Commission d’Administration du futur établissement.
Elle se compose de 5 personnes :
MM. André Michal-Ladichere (Maire)
Alfred Bardin
François Boisson
Benoit Cleyet-Merle
Antoine Bourgeat
Et de 2 délégués du Conseil Municipal :
MM. Eugène Bonnard-Lapierre
Adrien Allegret
C’est cette Commission d’Administration qui finalise le 25 septembre 1907 l’achat des terrains nécessaires à la construction pour un montant de 7606 francs. Il s’agit de terrains situés au hameau de Plampalais et appartenant à trois propriétaires différents :
MM. Jean Louis Joseph Roulet-Canelle
Louis François Marie Fugier-Garrel
Jean François Pivot-Pajot
La construction peut enfin débuter. En 1909 les prévisions financières semblent dépassées puisque la Commission d’Administration, réunie le 9 juin 1909, constatera l’insuffisance de crédits nécessaires pour les dépenses effectuées ou à effectuer. Une subvention de 39 975 francs est demandée au Ministère de l’Agriculture.
Donc, le projet est en voie de réalisation avec les imprévus financiers habituels. Il faut maintenant penser au fonctionnement du futur établissement.
Les religieuses du « St Rosaire » de Pont de Beauvoisin sont sollicitées pour assurer le service.
Ces contacts aboutissent à une convention signée le 23 juillet 1910 entre le Président de la Commission d’Administration et la Supérieure Générale des Religieuses du St Rosaire. Cette convention définit les fonctions des religieuses-infirmières, ainsi que l’organisation du travail et les relations avec les autres intervenants et les malades.
Cette convention est approuvée le jour même par la Commission d’Administration.
Enfin le grand jour tant attendu arrive !
Le 7 août 1910 le nouvel établissement est inauguré sous l’appellation d’Hôpital-Hospice, avec 32 lits.
Sources : Archives Départementales – Archives de la Mairie de St Geoire en Valdaine
*Le 28 mars 1887, à l’issue du conseil des Ministres, il est annoncé que : « Les diverses autorités compétentes sont d’accord pour accepter le système des paris mutuels exploités par les sociétés elles-mêmes ; chaque société fera sa demande ; elle obtiendra l’autorisation par décret. » En fait, si l’État accepte le rôle de « souteneur », c’est sous le couvert de la Charité qui devient la protectrice des paris.
Car, pour calmer les scrupules des moralistes, en contrepartie de l’autorisation donnée, seront perçus sur les paris 2 % en faveur des œuvres de bienfaisance, en plus des 3 % destinés à couvrir les frais d’exploitation des sociétés de courses, le solde éventuel pouvant être employé en encouragements.