L'usine de Champet

Laissez vous embarquer dans la grande histoire d’un domaine qui fût très longtemps associé au nom de Saint Geoire en Valdaine.

Bravo aux passionnés qui sont à l’origine de ce récit.

DONNEES HISTORIQUES

Le moulin à farine

XVIIe siècle

1625 : 3E20162 (f°79): Le 15/04/1625, Jean VILLETON a arrenté à Jean DRENON GAUD « les molluns que possède le sieur VILLETON appelés à la Recourière à Champet« .

1625 : 3E20162 (f°86): « Inventaire des meubles et attenage des moulins de la rondière avec lespesseur des meules des trois mouliuns appelés de forme la maison cy après le tout détenu par Jacques DRENON GAUD » du 15/04/1625.

1669 : 3E20188 (f°218): Le 19/02/1669, Charles RECOURA a baillé à Jean ROBIN MAGNIN « les moulins appelés de la Recourière avec le verger et le jardin« .

1675 : 3E20190 (f°52): Visitation des moulins de Charles RECOURA situés à Champet le 02/06/1675: « épaisseur de la meule dessus du moulin du milieu berlande jauge à la gorgette et celle dessous n’a été jaugée attendu sa peu de valeur, moulin de la porte de bize de dessus françoise, moitié de la meule dessous dudit moulin pierre de Champt jaugé à la gorgette« .

XVIIIe siècle

mai 1700 : sous arrentement par Vincent Peylin, meunier des Echelles, des « domaynes et mollins de Champet et de la Pale…« (ADI 3 E 20193 f° 56 v°)

1701 : 3E20193 (f°266): Le 30 août 1701, Madame BARBIER femme de Jean RECOURA, a arrenté à Pierre Huboud PELON CARESME « les maison grange pré terre vigne moulin battoir« .

1701 : 3E20193 (f°267): « Visite et description des moulins de madame BARBIER » du 3 septembre 1701: « meule dessus du moulin de l’entrée berlande, la meule dessous pierre de champt, meule dessous du moulin du milieu berlande, meule dessus des moulins berlande et quant au troisième du côté du battoir, les meules sont la dessus française rompue et cerclée de fer, la dessous ne mérite d’être décrite« .

1702 : 3E20193 (f°59): Le 23/06/1702, Jean RECOURA a continué l’arrentement de Pierre Huboud CARESME pour les moulins, battoir, maison, grange et fonds situés à Champet.

1721 : « …Nous avons un dommaine a St Geoire au lieu appellé En Champel consistant en maison grange, pré, verger , terre, bois et vignes d’authins lequel est arrenté a Joseph Gaultier par acte du

Prix annuel 240 livres

Chapons 3

Gelines 3

Poulles 6

Led Gautier a aporté dans le domeine trois essins d’abeilles qui les a places avec les trois que nous y avions. quand il sortira tous les essins seront a partager ainsy convenu avec le Révérend Père Césaire le 16e février mil sept cent seize.

Plus j’ay arrenté aususd Joseph Gautier par acte du 14e janvier 1723, recu par Maistre Michal notaire de Massieu, les moulins, pres, terre, battoir et autres artifices que nous avons aud St Geoire appelles la Palle pour 4 années au repentir resputit de moitie de terme en l’avertissant trois mois auparavant, a commencer a la feste de St Jean Baptiste procheine, au prix pour chaque année de 180 livres et quatre chapons palliers les 4 chapons payables a chaque feste des Roys, en outre il doit nous aporter dans le grenier a foin que nous avons pres de notre chambre huit quintaux de foin annuellement, doit faire faire les réparations necessaires au beal depuis lecluse jusqu’aus moulins pour 20 livres dont il luy sera tenu conte sur la premiere paye et apres la reception desd reparations, fera faire touttes les autres , dont il il luy sera tenu conte, a moins quelles n’excedent six livres, et doit user en pere de famille, me doit fournir extrait a ses frais dud arrentement et des autres actes qui seront faits en consequence et se chargera de ce qui luy sera remis pour rendre le tout en bon etat a sa sortie… » (A.D.I. ,11 H 65 1721 Livre de raison concernant les affaires que nous avons a St Geoire avec l’etat des rentes que nous y faisons. Fol 4)

1751 : 3E20248(f°73): Le 19/06/1751, Pierre CARRE a arrenté à Joseph GENIN « les moulins et autres artifices, maison, grange, terre et prés, verger, cour et domicile, situé à Champet ».

1752 : 3E20248 (f°80): Le 03/04/1752, Pierre CARRE a arrenté à François et André TIRARD « le domaine et moulins situés à Champet tels et les mêmes choses arrentées à Joseph GENIN« .

1759 : 3E20250 (f°22): Le 21/02/1759, Pierre CARRE a arrenté à François BARRUEL « le domaine moulins et autres artifices que CARRE possède au lieu de Champet« .

1760 : rien d’indiqué (carte de Cassini)

1791 : 3E20259 (f°311): Le 25/01/1791, Pierre Louis CARRE a donné à titre d’arrentement à Laurent PALAS « la maison, grange, four, moulins, piloir et batoir que ledit sieur CARRE à audit lieu de Champet ».

XIXe siècle

1806 : le moulin existe (ADI 4P5/383, cadastre manuscrit de Saint Geoire)

1817 : moulin de Champet (cadastre)

1/9/1839 : vente des moulins à Louis Hilaire (8/4/1849 (ADI 3E 20201 f°26))

1843 : il n’y a pas de moulin de signalé mais trois bâtiments assez importants sont dessinés à l’emplacement de l’usine actuelle (carte d’état major de 1852).

8/4/1849 (ADI 3E 20201 f°26) : vente de Pierre Philippe JANON à Joseph Hyppolite MICHAL-LADICHERE, domicilié à Saint Geoire de :

« ... une prairie située à Champet … confinée au levant par le ruisseau de l’Ainan…« .

« … cette prairie est vendue … avec tous les droits et charges relatifs à son arrosage et à celui des prairies inférieures et voisines sur la rive gauche (de l’Ainan) …«

« ... aura la jouissance des eaux servant à l’arrosage des autres prairies proportionnellement à la contenance par lui acquise, qu’il supportera la servitude de …(?)… du canal servant à l’arrosage des propriétés inférieures et du canal de fuite de l’ancienne prise des moulins si on voulait la remonter et qu’il fut nécessaire d’établir le dit canal de fuite ..«

« … Louis Hilaire précédent propriétaire (vente du 1/9/1839).. »

ANALYSE :

En 1839 le moulin Hilaire fonctionnait.

En 1849 le moulin Janon est hors d’usage.

En 1849 l’usine de moulinage de Champet n’existe pas encore, et le moulin est qualifié « d’ancienne prise des moulins ».

28/1/1854 : partage de la succession d’Antoine GAILLARD et Marie MOREL, père et mère de Pierre GAILLARD. Cette succession concernait divers bâtiments, une chute d’eau et des terrains (Bail passé devant maître Adolphe Maunaix, notaire à Saint Geoire, 9/3/1855, AFG n°1)

remarque : les familles GAILLARD et MICHAL LADICHERE habitaient à Champet.

9/3/1855 : Pierre GAILLARD propriétaire du terrain cède sous bail ce terrain à Frédéric VEYRE domicilié à St Bueil. Contenance : « … maison, grange, hangar, sol cour, terre ,vergé et pré le tout contigu, de la superficie totale de 3 hectares 16 ares 37 centiares et une parcelle de bois taillis de 75 ares … » (bien que celà ne soit pas précisé en 1855, mais l’est en 1862, le terrain comportait un canal et une chute d’eau).

P. GAILLARD se réserve le droit de construire une batteuse à blé, seigle, orge, avoine qui sera alimentée par le canal de la future usine de moulinage de soie (nb : cette batteuse ne sera pas réalisée – information verbale en 5/1998 de Ch. GAILLARD).

Durée du bail : 29 années soit jusqu’au 24 juin 1884.

L’usine de tissage

1855 : F. VEYRE pourra commencer immédiatement la construction d’une usine de soierie qui sera mue par les eaux du canal (de l’ancien moulin). A l’expiration du bail, F. VEYRE (mais il est mort toutefois en 1856) « … devra laisser la roue extérieure dite la roue de veche (en fait de pêche) ainsi que son arbre et le chenau s’il en existe … » (AFG n°1, 9/3/1855, bail passé devant maître Adolphe Maunnaix notaire à St Geoire).

1858 : vente « ... et un bois taillis au mas de Corrézin … ayant pour confins … au midi Mr. Michal Ladichère, … » (AFG n°3 vente devant maître A. Maunaix, notaire à la résidence de St Geoire, le 3 octobre 1858)

Analyse et détails :

. pré-existant : maison, grange et hangar (appelés après maison neuve)

. Veyre jouira de tous les droits prise, course et chute d’eau attachés à la propriété affermée (le réseau du moulin est donc dans cette proprieté)

. maison neuve, écurie et grange (complément à ce qui précède)

. faire réparer ou reconstruire tous les bâtiments sauf la maison neuve (donc les autres pourraient être le moulin qui en 1817 comprenait 2 bâtiments distincts)

. il fera construire un pont sur le canal à l’endroit où il est traversé par le chemin de service (ce pont voûté existe encore bien qu’ayant été élargi)

. Mr Gaillard « … avait commencé la construction d’une batteuse à blé à l’endroit où Mr Veyre se propose de faire construire sa fabrique, il laissera à ce dernier la roue qu’il a fait placer …«

. Mr Veyre se propose de faire construire plus bas sur la propriété affermée une fabrique (plus bas que la maison neuve : celle ci pourrait être le bâtiment en pisé visible de nos jours. Cette maison était alors placée de l’autre coté de la route St Geoire à St Bueil sauf si elle avait pas été déja déplacée).

17 juillet 1862 : saisie revendication » ... A la requête de M de Chanay (du site M420 à Saint Nicolas de Macherin) dans le but de faire saisir, revendiquer au profit du requérant 1 ourdissoir, 1 bobinoir et autres outils servant au tissage de la soie provenant de l’usine affermée par le requérant au nommé Silvain Mathieu Maurin directeur d’usine de soieries domicilié à Sainte Marie d’Hautefort commune de st nicolas aujourd’hui en état de faillite, usine et dépendances situés en ladite commune, les objets à saisir, revendiquer étant entre les mains de Monsieur Régis Couturier et se trouvant dans une usine à tisser la soie située à Champet commune de Saint Geoire (en Valdaine – site A145) dont ce dernier est gérant … » (AFD)

8/11/1862 : à l’issue de la mort de Frédéric VEYRE en 1856 :

-ce dernier a construit entre 1855 et 1856 une usine de cordonnets de soie

-le 20/9/1859 devant maître Maunaix notaire le bail a été subrogé à Régis COUTURIER et Henri-Ainé-Baptiste FAYOLLE négociants demeurant à Lyon

-le 3/3/1861 par acte sous seing privé fait à Lyon, enregistré au bureau de Voiron, ils ont subrogé le bail à Sylvain Mathieu MAURIN

-S. MAURIN a fait à la fabrique de notables améliorations. Il a fait aussi de nouvelles constructions dont une petite partie se trouve sur un terrain appartenant à MICHAL-LADICHERE

-S. MAURIN a été ensuite déclaré en faillite et MICHON a été nommé syndic

-depuis la faillite COUTURIER a fait marcher la fabrique

-le syndic a déclaré subroger Joseph Hippolyte MICHAL-LADICHERE

(AFG n°2, 8/11/1862, vente et subrogation de bail de divers bâtiments et d’une chute d’eau, passés devant maître Romain Chevrier notaire à Saint Geoire)

1862 : usine de soierie (10 métiers à tisser, 1 dévidage, 10 lits d’ouvrières et 20 quinquets pour l’éclairage) (bail devant maître Romain Chevrier, notaire) (vente et subrogation de bail, 8/11/1862, AFG n° 2)

20/7/1866 : la soierie Michal-LadichEre est citée (ADI 7S 2/121)

1869 : la fabrique est citée et tisse des étoffes de laine (F. Crozet)

entre 1870 et 1875 : l’usine existe sur le plan au 1/10000 support de l’étude du tramway à vapeur (ADI 3 S 15/24 du 21/01/1908)

années 1880 : on cite la fabrique MICHAL et le moulin MICHAL (carte d’état major au 1/80000e, seconde édition – dans Abbé Chapelle : Notice historique sur Merlas, du mandement de Saint Geoire Editions de Belledonne 1888)

1889 : une usine de tissage existe : fabrique de satins et armures teints en pièce et crêpe de Chine (plan JF. Muzy)

1/08/1896 : (Tramway sur routes, ligne de la vallée de l’Ainan – Medail) : usine de tissage mécanique, soierie

XXe siècle

vers 1900/ fin XIX ème siècle : tissage Michalle-Ladichère

19/01/1907 : usine de tissage et éclairage électrique MICHAL-LADICHERE (AFBV n°12)

1/10/1921 : les usines de tissage Michal-Ladichère sont citées (ADI 7102 W 58)

1921 : Ponts et Chaussées Rapport du Subdivisionnaire « …. Par pétition en date du 4 octobre 1921 …. MM. Berthier meunier, Bellemin propriétaire d’une scierie et Vittoz propriétaire d’une usine de soierie …. exposent que certains industriels possèdent des réservoirs forts grands ; qu’à certains moments de la journée ils arrêtent complètement l’eau et les usines des pétitionnaires pendant plusieurs heures ; que souvent cette eau est relâchée pendant la nuit et leur arrive pendant les heures d’arrêt de leurs usines …. Les plus importantes sont les usines de tissage de soieries de M. Michal-Ladichère, maire de StGeoire et Conseiller Général, celle de la Pâle productrice de l’énergie électrique destinée à l’éclairage de St-Geoire, l’usine de tissage Mme Vve Mignot et celle de la Société des Tissages du Val d’Ainan ….Les principales ne peuvent fonctionner qu’en utilisant en plus de l’énergie électrique, un moteur de secours en basses eaux …. Les principaux griefs … sont surtout les lâchers brusques au moment de leur mise en marche….les heures de marche …. Ainsi l’usine électrique de la Pâle fournit l’éclairage depuis la nuit jusqu’à 23 h et depuis 5 h jusqu’à 7 h le matin. Pendant des deux périodes l’eau arrive en abondance aux usines inférieures mais elle est arrêtée de 23 h à 5 h et de midi à la nuit pour le remplissage du réservoir … et l’on peut dire que la marche par éclusées est devenue la marche normale pour toutes les usines importantes établies sur l’Ainan …. » ADI 7102 W 58 du 10 novembre 1921

années 1943 : Societé Anonyme MICHAL-LADICHERE usine de Champet (cartes postales)

guerre de 1940-44 : fabrique de toiles de parachutes (communication verbale de Ch. Gaillard en 6/1998)

1949 : usine de tissage (carte IGN de 1949 au 1/20 000 ème). La cheminée existe. Directeur DIOT

1959 : l’activité textile est arrêtée (Société Anonyme Michal-Ladichère) (d’après communication de Ch. Gaillard en 5/1998)

1961-1965 : usine LOOCK fabriquant de meubles (installé près des turbines) (d’après communication de Ch. Gaillard en 5/1998)

1965- x : société BROQUANT fabriquant de meubles (d’après communication de Ch. Gaillard en 5/1998)

1970 : démolition de la cheminée en briques.

jusqu’à 1994 : fabrique de portails, antiquaire etc (d’après communication de Ch. Gaillard en 5/1998)

actuel :

1999 : un brocanteur, Monsieur Broquant, est propriétaire des bâtiments en totalité (dépôt vente).

2002 : la crue de l’Ainan du 6 juin 2002 n’a pas inondé l’usine. Par contre le ruisseau à la Pajolière a inondé la route vers St-Bueil (épaisseur finale de sédiments de 1 à 1,5 m.). Le pont à l’amont de l’usine n’a pas été emporté (40 m de largeur d’eau en rive droite et 1,1 m d’eau sur le pont) mais celui à l’aval est parti.

2007 : dépôt vente « L’Usine »

2015 : dépôt vente « L’Usine »

plans :

1760 : carte de Cassini

1817 : cadastre napoléonien

1852 (levés en 1843) : carte d’état major

avant 1888 : carte d’état major (seconde édition)

1889 : carte de JF. Muzy

1991 : cadastre

DONNEES TECHNIQUES

Les bâtiments

La soierie de Champet est la plus belle (sur le plan architectural) de la vallée de l’Ainan

Moulin en 1817 :

Le moulin était placé sur la partie aval du canal de la surverse actuelle de l’usine de tissage (ancien canal de fuite du moulin qui rejoignait l’Ainan situé en contre bas), probablement au niveau du second ponceau (aval) au dessus du canal de surverse.

(ce ponceau large de 6 m comprend une partie amont de 3 m en béton à plafond horizontal (largeur de 2,5 m, hauteur de 1 m) et une partie aval de 3 m en béton avec deux petits pieds-droits et une voûte de 2,5 m de large et 1 m de haut au centre) .

Il comprenait deux bâtiments :

-en amont, coté est, un gruoir (?) : 5 x 5 m = 25 m2

-en aval le moulin sur le canal : 13 x 6 = 78 m2

Superficie totale : 103 m2

Distance entre les bâtiments : 5 m

Le moulin est encore cité dans la seconde édition de la carte d’état major (d’avant 1888). Il est peut être cité dans le texte notarial de 1855 (AFG n°1, 9/3/1855, bail passé devant maître Adolphe Maunnaix notaire à St Geoire).

Ces bâtiments ont totalement disparu.

Fig 2 : les emplacements du moulin et du vieux canal comparés à ceux de la soierie (le 1^er bâtiment) et du nouveau canal.

La route de Saint-Geoire à Saint Bueil a été également déplacée (voir les figure 3 et 4)

Le canal du moulin a totalement disparu mais il en restait encore des traces au milieu du XXe siècle

Fig 3 : le moulin de Champet avant la construction du premier bâtiment (un moulinage à soie ? – figures 2 et 4) de l’usine vers 1855.

Le canal du moulin a totalement disparu mais il en restait encore des traces au milieu du XXe siècle

Usine de tissage

Elle a été fondée en 1855 par Frédéric VEYRE domicilié à St Bueil. Ce dernier auparavant avait créé à la fin des années 1830 le moulinage de Saint Bueil (transformé ensuite en usine de tissage par sa famille)

Fig 4 : plan de la soierie de Champet et emplacement du vieux moulin. (figures 2 et 3)

Les couleurs des bâtiments correspond à leur date de construction

En 1855 :

La réutilisation du moulin n’est pas prouvée car ce bâtiment était de petites dimensions mais comme expliqué après les moteurs du moulin pouvaient jouer un rôle dans cette nouvelle activité et de ce fait le moulinage pouvait travailler avec ces moteurs à condition d’être contigu au vieux moulin

En 1866 :

l’usine comprend :

-le bâtiment le long du canal de surverse : 37 x 12 = 444 m2

Ce bâtiment comprend un étage et un sous sol. Construite en pisé il y a 9 fenêtres par niveau avec des linteaux en bois. Sur une photographie de 1924 il a un toit à quatre pans (actuel : à 2 pans).

-les sheds les plus anciens situés à 23 m du précédent : 7 x 11 = 77 m2

-le plan imprécis car à très petite échelle ne montre pas de bâtiment près de celui de 1855.

Ces constructions doivent correspondre à la mise en place des turbines, donc au déplacement du canal de 38 m vers le haut du versant. Si cette date est bonne il y aurait coïncidence avec la même opération à la papeterie du site 150 (travaux en 1866).

superficie totale au sol : 317 m2.

enveloppe du site : 30 x 40 m.

Entre 1870 et 1875 (date approximative du fond de plan au 1/10000 du tramway à vapeur) (ADI 3S 15/24 du 21/01/1908)

l’usine comprend :

-le bâtiment le long du canal de surverse : 1700 m2

-le bâtiment formant un L avec ce bâtiment : 340 m2

-les sheds : 80 m2

-la chaudière et sa cheminée : 40 m2

soit au total 2160 m2

fiche 145 c : plan des bâtiments en 1997.

Cette usine comprend au moins 3 périodes de construction:

-période ancienne

-(vers ?) : maison de logement hors usine actuellement (toiture à 4 pans).

-(vers 1850/70 ?) : bâtiments à plusieurs étages, en maçonnerie de pierres et de briques, avec des effets architecturaux.

-période intermédiaire : sheds avec des piliers en fonte (un ancien), le plus petit (vers 1870 ?) et un autre plus récent) avec des piliers en fonte (vers 1880 ? : les linteaux en I composite soit assemblage par rivetage des 4 cornières, 2 plaques horizontales et 1 verticale datent des années 1870-1880 (Belhoste ; communication personnelle).

-un bâtiment SS, R+1 (fiche A145 e) :

-étage avec des murs en bois ajourés (vers 1930 et avant ce étage d’après les photos était en maçonnerie.

-rez de chaussée : bureaux ou magasin avec chaînage d’angle en pierres, fenêtres en briques, linteaux (rajoutés ?) en IPN.

-sous sol à voûtes en briques

-période récente (XXe siècle) : constructions diverses rapportées (dont le transformateur construit en 1925).

Sous les sheds les moins anciens il y a un sous sol voûté qui communique avec la galerie de visite décrite après.

superficie totale : 4482 m2 dont 1790 de sheds (en 1997).

enveloppe du site : 120 m (parallèlement à l’Ainan) x 120m

Une cheminée a été détruite vers 1970. Le bâtiment associé (chaufferie) avec une cheminée avait 100 m2.

Galeries souterraines :

Outre celle du canal de fuite et du canal d’alimentation en eau de la chaudière il y a partant du sous sol des sheds précédents une galerie voûtée prévue juste pour le passage d’un homme. Elle semble venir du bâtiment de la chaudière et pourrait avoir été utilisée pour alimenter en énergie les sheds. Est ce une galerie de visite avec des passages de cables mobiles sur des poulies (crochets scellés dans les parois ?) : ce système était utilisé à l’usine de Saint-Nicolas-de-Macherin (site M420 d’après Louis Durand).

Détail de la fiche A145 e :

-canal bétonné issu avant comblement partiel des bâtiments à étages de l’autre coté de la machine à vapeur.

-petit bâtiment en agglos pleins avec du mâchefer et 2 sorties d’eau (origine inconnue) se déversant dans le canal précédent.

-grand bâtiment avec 1 er étage en bois et accolé aux sheds les plus anciens. Le sous sol est constitué de 4 chambres à voûtes de briques.

-Sheds les plus anciens en voie d’effondrement (13 x 12 = 156 m2). Ces sheds coté jardin ont leur mur propre et coté sheds plus récents le toit s’appuie sur ces sheds.

En résumé :

____________________________________________________________________________________

époque bâtiment superficie (m2) surface cumulée (m2)

______________________________________________________________________

1817 moulin de Champet 80 et 25 105

1855 premier atelier de l’ordre de 100 (?)

1866 bâtiment à étages 240

premiers sheds 80 320

vers 1870/75 bâtiment à étages 1700 + 340

sheds 80

chaufferie 40 2160

fin XIX ème seconds sheds 1180 3340

1949 bâtiments complets et chaufferie 4520

actuel bâtiments à étages 2690

sheds 1790 4480 (*)

____________________________________________________________________________________

(*) la chaufferie avec sa cheminée a été démolie entre 1970 et 1980.

Evolution des superficies des bâtiments du site A145

Les ouvrages hydrauliques

Fig 5 : relations – au niveau des réseaux hydrauliques – entre les soieries A140 (la Martinette) et A145 (Champet) voir l’image suivante

Ouvrage de prise :

fiche 145 a : l’ouvrage de prise

prise latérale avec un seuil dans la rivière et des vannes sur la rivière et 1 petite (de même époque que les 2 autres) sur le canal.

Vannes métalliques à vis sans fin.

Canal d’amenée du moulin

En 1818 :

Il se terminait par une serve de 8 x 15 = 120 m2

La plateforme, large de 7 à 8 m, utilisée par la route (ancien tracé) St Geoire à St Bueil et le canal est visible dans le champ à l’ouest du canal de surverse actuel. Vers 1940 une petite partie de ce canal était visible (irrigation du champ) 100 m à l’amont du moulin.

Le béal du moulin devait avoir 500 m de long et 50 m pour le canal de fuite soit un total de 550 mètres.

Actuel :

Le canal est totalement remblayé.

Fig 6 : Durant la seconde moitié du XIXe siècle, les soieries A140 (la Martinette) et A145 (Champet) avaient le même propriétaire : Ladichère.

Les réseaux hydrauliques des deux usines sont corrélés. A Champet (A145) le vieux moulin avait un canal d’amenée bas service (en mauve) et un rejet à l’Ainan au plus court. La hauteur de chute animant des roues hydrauliques devait être de l’ordre de 4 mètres au maximum. Pour la soierie, le béal d’amenée fut déplacé vers le haut du versant (en rouge), il alimentait en eau des turbines situées dans les sous sol de l’usine et le rejet à l’Ainan était plus à l’aval et donc plus bas. La hauteur de chute des turbines devait être de l’ordre de plus de 10 mètres. Dans ces conditions pour le même débit, si le moulin disposait de 5 CV la soierie disposait de 16 CV. Cet accroissement de puissance justifiait ces travaux de modification des réseaux hydrauliques.

Canal d’amenée de l’usine

Années 1860 :

Le canal du moulin dans sa partie aval a été abandonné et décalé de 38 m vers le haut du versant (mesure sur les cartes et mesure sur le terrain). La hauteur de chute supplémentaire est de 3,5 m et est bénéfique pour alimenter des turbines.

Actuel :

Le canal encore visible est très remblayé.

Canal de fuite :

Le canal de fuite du moulin a été transformé en canal de la surverse de l’usine. Le canal de fuite de l’usine commence en galerie à la sortie des turbines puis traverse la cour à l’est en fossé à ciel ouvert.

fiche 145 b : l’ouvrage de surverse et d’entonnement.

surverse : un déversoir latéral avec une passerelle et une vanne isolée métallique, à vis sans fin et IPN.

entonnement : 3 puisards alimentant 2 conduites sont commandés par 3 vannes métalliques, à vis sans fin et IPN (maçonnerie de pierres et de briques). Les supports de vannes sont en maçonnerie de pierres avec enduit. La surverse se prolonge jusqu’à l’Ainan par un canal « en marches d’escalier » (c’était le canal de fuite du moulin).

l’entonnement est protégé par une toiture (une petite grille est visible en face des puisard donc en rive gauche du canal ; usage ?).

la structure d’entonnement a été construite, au moins en 2 temps.

-premier temps : deux puisards d’entonnement (les plus en amont)

-second temps : le puisard aval.

un déversoir semi-circulaire en béton grossier existe : son rôle s’intègre dans une étape antérieure inconnue.

Actuellement il y a 2 conduites vers les turbines, l’une en diamètre 1000 mm et l’autre en 800 mm. Le puisard central alimente le puisard aval. Il est possible, sinon certain, qu’il alimentait une conduite bouchée actuellement. Il n’y a pas de grille ni de dégrilleur.

Le raccordement puisard-turbine n’est pas connu.

Le canal de fuite : il se prolonge (largeur 2 m.) jusqu’à 10 m en amont de la prise du site 150. Ce canal commence en galerie de fortes dimensions à voûte en briques dès les 2 turbines amont.

Il y a un canal de fuite bétonné (cf fiche 145 e) qui calé plus haut que le précédent vient probablement de la chambre des turbines. Il longe les sheds.

Les rejets étaient utilisés pour l’irrigation.

Il faut préciser que le canal de fuite de l’usine amont (A140 = la Martinette qui appartenait au même propriétaire que celle de Champet) se jetait non dans l’Ainan mais dans la partie amont du canal d’amenée de l’usine de Champet. Ce dernier cumulait donc 2 sources d’eau.

L’eau issue de la Martinette circulait dans une galerie souterraine.

Les équipements énergétiques

Dans l’ordre chronologique :

– des roues hydrauliques (des rouets dans le moulin à farine puis dans le 1^er moulinage proche du moulin à farine)

– des turbines hydrauliques

– en complément l’électricité : d’abord pour l’éclairage puis pour la force

Il n’est pas fait mention de moteur à vapeur (monocylindre à cette époque)

Roue hydraulique :

En 1855 : une « roue de pêche » est citée (de pêche car les poissons bloqués dans le canal par la vanne usinière étaient recueillis aisément à la main). Il s’agissait probablement d’une roue à axe horizontal du type « au dessus » placée sur le canal du moulin à l’aval de la serve.

Il devait y avoir un rouet (roue hydraulique à axe vertical) sous le gruoir.

Dans un moulinage la puissance demandée par une dizaine de machines (à cette époque 1 « moulin à soie » demandait une puissance inférieure à 0,1 CV. Comme un rouet pouvait fournir au mieux 1 CV, il pouvait entrainer une dizaine de « moulins à soie ») pouvait être compatible avec les moteurs du vieux moulin.

De plus en 1855 outre le rouet du gruoir il y avait une roue hydraulique dite « de pêche » de puissance plus importante.

Donc dans un premier temps le moulinage pouvait travailler avec les moteurs du vieux moulins à condition d’être contigu à lui et le 1er bâtiment (pour 10 ouvrières) qui utilisait le canal du moulin était au niveau du moulin.

Consulter :

A. SCHRAMBACH. Les roues hydrauliques. Edition Fédération Française des Associations de sauvegarde de moulins. 156 pages 2009

SCHRAMBACH A. Principes, images des roues hydrauliques 03 2011 26 pages 24 figures Non édité

Les turbines hydrauliques :

Plus tard lorsque l’activité de l’usine devint importante on :

– déplaça le canal du moulin en le recreusant avec une pente plus faible : donc il arrivait à l’usine plus haut que le moulin ce qui donnait un hauteur de chute (HMT) plus forte (figure 2).

– on installa des turbines de type inconnu (des Girard ? des Fontaines ?) dès les années 1870/80 et elles furent installées en sous sol toujours pour disposer d’une grande hauteur de chute.

– pour accroître cet effet le rejet à l’Ainan (en souterrain) se fit loin vers l’aval donc avec un plan d’eau de référence de la rivière plus bas.

Les dernières turbines : il y a 2 turbines en amont (près du transformateur électrique). L’ « aspirateur » est encore visible et plonge dans la galerie de fuite en sous sol.

Ensuite une 3eme a été mise en place 6 mètres à l’aval avec l’ « aspirateur » encore visible dans la galerie de fuite. La conduite d’alimentation de cette turbine est visible dans cette galerie. Elle vient de la zone des 2 turbines amont.

La HMT totale devait être de l’ordre de 6 mètres (? : valeur trop faible : plutôt entre 10 et 12 m)

Evolution de l’importance de l’usine et donc des besoins en énergie

Après 1855 : moulinage donc besoin de 1 à 2 CV

En 1862 on cite une usine avec 10 métiers à tisser (qui consommaient au total pour les 10 machines 1 CV) donc besoin de 1 à 2 CV

En 1882, il y avait 500 ouvrières. C’est à cette époque (entre 1870 et 1880) que les turbines ont été installées.

Consulter :

A. SCHRAMBACH. Les moteurs autres que les roues hydrauliques. Edition Fédération Française des Associations de sauvegarde de moulins. 143 pages 2010

Distribution de l’énergie dans les locaux

Dans le bâtiment à étages, l’énergie des turbines était distribuée vers les pièces supérieures équipées de métiers à tisser par un puits vertical. Ce puits permettait aux courroies plates et aux poulies métalliques de distribuer l’énergie à chaque étage (principe de l’usine moulin). (figure 7)

Fig 7 : usine de Champet : mode de répartition de l’énergie produite par les turbines vers les machines.

Il s’agit d’une « usine-moulin » avec une chambre verticale pour le passage de la courroie maîtresse qui desservait chaque étage

(dans cas le terme de moulin n’a pas de relation avec celui antérieur à l’usine. C’est un expression générale pour décrire le type de répartition de l’énergie du sous sol avec les moteurs hydrauliques vers les étages et les machines avec un puits vertical de remontée des axes énergétiques comme dans les moulins qui avaient adopté la mouture à l’anglaise puis aux cylindres)

Chaudière : pour le chauffage des locaux

Tout a été détruit.

Entre les 2 turbines amont et la turbine aval il y a un conduit rectangulaire qui, perpendiculaire au canal de fuite, se dirige vers la chaudière : alimentation en eau de celle ci ?

De même, à l’aval, un canal bétonné est issu probablement de la chaudière (vidange de l’eau ?) ou des turbines. Une truitière existait autrefois à l’aval de ce canal qui passe sous le mur d’enceinte du jardin.

Il ne devait pas y avoir de moteur à vapeur monocylindre.

Ligne électrique privée (début du XXe siècle)

Entre la Pale (site A 150 situé à l’aval de Champet avec alors une papeterie et donc des turbines qui entrainaient des générateurs de courant électrique continu et non alternatif) à Champet, site A145, pour l éclairage de l’usine de Champet puis de St-Geoire-en-Valdaine..

Electricité : transformateur datant des années 1920 date marquée sur la fondation d’un poteau près du transfo. 1925).

L’énergie utilisée dans les sheds anciens et dans les sheds récents devaient venir, après 1900, de moteurs électriques dont l’énergie produite sur place ( ?) était transmise par des câbles passant dans la galerie passant sous la cour. (sheds : bâtiments en rez-de-chaussée avec une toiture répétitive en « dents de scie »)

Fig 8 : « bâtiment à étages » et « bâtiment à toiture en dents de scie » (sheds) avec un flanc vitré.

Consulter : SCHRAMBACH A. Les réseaux électriques dans les vallées autour du lac de Paladru Chroniques Rivoises n°39 mai 2005

Les équipements industriels et le personnel

1855 : des moulins à soie

1862 : 10 métiers à tisser, 1 dévidage , 10 quinquets, 1 roue hydraulique dite de pèche, 1 grand chenau et 10 lits d’ouvrières.

1889 : il y avait 500 ouvrières et ouvriers. Les chambres des ouvrières sont encore visible près du puits de transfert de l’énergie des turbines vers les étages supérieurs.

Actuel : néant mais des poulies et des courroies plates existaient le long du mur séparant les 2 ensembles de sheds. Elles entraînaient un tour (mécanique).