Château de Longpra
La Maison de Longpra est l’un des plus beaux châteaux de la vallée. Classée monument historique depuis 1997, cette demeure est habitée par la même famille depuis plus de quatre siècles.
Depuis ce domaine, le visiteur peut admirer la presque totalité de la vallée. Aux temps incertains (avant l’an mil), il sembla judicieux d’y construire une tour de guet, puis une maison forte. La place, rattachée à la seigneurie de Montferrat et liée aux Clermont, dépendait des chanoines de Saint Maurice de Vienne depuis 1283. En 1536, le fief fut vendu à noble Charles de Pascalis, notaire à Saint Geoire, qui joignit son nom à celui de Longpra (le long pré).
En 1590, alors qu’elle n’était encore qu’une maison forte, cependant déjà entourée de douves, elle résista aux émules du baron des Adrets, de sinistre mémoire. Ces huguenots étaient venus saccager le village pendant les guerres de religion. Le siège dura une semaine, avant que les gens du Comte de Virieu (un village voisin) ne les mettent en fuite. Les coups d’arquebuse firent subir au château de nombreux dégâts. A partir de 1770, la maison forte fut intelligemment et patiemment transformée en une demeure plus habitable par Antoine Pascalis de Longpra : le Versailles de Louis XV (petit fils de Louis XIV) créait de l’émulation en province. Antoine fut conseiller à la cour des comptes de Grenoble.
Les Pascalis étaient alors nombreux dans le village. On distinguait les Pascalis de la Fiquelle, de la Rochette, de la Bastide, de la Platière, de l’Etergne. Les cousins occupaient des maisons fortes, qui furent transformées en demeures plus habitables, (certaines disparurent) au cours des siècles suivants.
Depuis plus d’un siècle, après le mariage de la nièce héritière d’un Pascalis de Longpra (dame Eugénie Chosson du Colombier) avec Anselme Pasquier de Franclieu (1804 – 1895), le domaine est la propriété des Pasquier de Franclieu, originaires de l’Orne, en Normandie. Parmi les ancêtres des Pasquier de Franclieu, il convient de distinguer son père, Anselme (1765-1844), capitaine de l’armée des rois Louis XVI puis Louis XVIII, qui s’illustra comme aide de camp du marquis de la Fayette. Il était contemporain de Joachim de Revel du Perron, natif de Moirans, près de Grenoble qui, lui aussi, participa à la bataille de Chesapeake en 1781-1782, décisive pour l’indépendance de l’Amérique. Guillaume de Revel du Perron, frère de Joachim, épousa Louise Pascalis de l’Etergne, héritière du château de l’Etergne.
Le fils d’Anselme qui s’appelait aussi Anselme, fut maire du village vers 1880. Son cousin, Xavier O’Mahony, enterré au cimetière de Saint Geoire, qui avait vécu l’exode des deux familles en Suisse (1830-1840), quand Charles X exila ceux qui ne l’avaient pas soutenus pour son accession au trône, a construit un pavillon de chasse (une tour), sur les hauteurs de Velanne. Elle existe encore.
La visite des abords du château de Longpra est intéressante à plus d’un titre.
L’allée qui mène au château est une bonne mise en condition pour le visite. A part le platane au départ à droite, contemporain de la création de l’Hôpital gériatrique (1910), les tilleuls et marronniers qui bordent l’allée ont été plantés en 1772. Louis XVI avait alors 18 ans, il venait de se marier à Marie-Antoinette et sera sacré roi en 1774. En 1833, fut posé le portail principal. La population du hameau de Consuoz avait alors l’habitude de passer par la cour du château pour se rendre au village. En 1852, un chemin fut tracé en contre-haut du château pour en finir avec cette servitude. Le joli chemin qui descend du château jusqu’au virage du Versoud, en longeant le ruisseau des Gorges, a été créé en 1901.
La visite du château et du domaine commence par la Chapelle intégrée au logis et se continue dans les appartements et les salons, conservés en l’état depuis le 18ème siècle. De nombreuses anecdotes et références historiques ponctuent la promenade. Elle se termine dans les jardins « à la française ». Boiseries et mobilier, élaborés par la famille Hache (célèbres ébénistes de Grenoble) sont contemporains et dans le style de Louis XVI. Les outils utilisés par les ébénistes Hache constituent la base du musée de l’Ébénisterie, situé dans les dépendances du château. La légende dit que les parquets du grand salon ont été composés en utilisant (quelques) pieux noircis par les ans, de la cité lacustre de Charavines. Cette cité est actuellement engloutie sous les eaux du lac au site archéologique de Colletière. Heureusement, les pieux qui restent sont dorénavant étroitement surveillés !
Des expositions temporaires agrémentent souvent la visite du domaine.